Quand un bout de femme sonne la révolte
février 2011 à 13:59:41
Bonjour à vous tous,
Je me permets de prendre la plume (enfin le clavier et la souris) pour répondre à vous tous qui vous unissez pour aider mon "bien-aimé" et ce pour quoi il se bat jour après jour, la sauvegarde coûte que coûte de son bébé, de son rêve devenu réalité : Cornélie...
On parle toujours de la solidarité féminine mais que dire face à toutes vos réactions de sympathie et d'amitié que vous nous manifestez ?? de l'émotion, sans aucun doute, beaucoup d'émotion même et surtout une force supplémentaire pour continuer les rêves que nous partageons Pat et moi.
Je sors aussi de l'ombre de mes fourneaux et du bureau (vi c'est moi qui suis derrière vos petites factures...) car Patrick est très mal à l'aise face à tout cela... Il ne veut en aucun cas que l'on ait pitié de lui ou que l'on plaigne de cette situation. Il en a certes parlé à coeur ouvert avec certains amis car avant tout cela fait du bien de se confier quand la vie vous réserve sans compter son lot de difficultés, et qu'il est difficile d'apercevoir des éclaircies quand les banques s'en mêlent et que vous êtes acculés devant la triste réalité, et qu'il va falloir certainement se résoudre à prendre des décisions qui s'avéreront sans doute très difficiles à gérer, financièrement mais aussi et surtout émotionnellement.
Je ne sais pas s'il approuvera ma démarche d'exposer certains faits, mais tant pis....
Patrick est avant toute chose un homme de passion, passionné par son métier, sa famille, l'environnement dans lequel nous vivons, et par les nombreux contacts qu'il a construits avec notamment nombre d'entre vous, qui sont devenus de réels amis, qui nous prouvent encore aujourd'hui à quel point nous pouvons compter sur eux.
Dans la vie, il y a des gens à qui tout sourit dès la naissance, d'autres par contre qui doivent se battre 2 fois plus pour y arriver et pour qui le mot chance " ne fait pas partie de leur dictionnaire ! Pat est de ces derniers... Un anti conformisme et un esprit rebelle comme il se plaît à le dire l'ont toujours amené à donner le meilleur de lui même au service de son art qu'il apprend à maîtriser depuis sa plus tendre enfance.
Après s'être forgé une belle expérience auprès de maisons renommées, il a choisi en 2005 de créer Cornélie, déçu de voir que nombreux propriétaires privilégiaient quantité au détriment de qualité, pognon avant passion, gestion et non vigneron, il choisit avec conviction de tenter sa propre aventure avec pour mots d'ordre : qualité qualité et toujours qualité.
C'est avant tout avec son cœur, son âme et ses 2 seuls bras qu'il s'est lancé, et ceux qui le connaissent bien l'apprécient notamment pour cette volonté hors norme et cet esprit rebelle qui fait fi des conventions et des habitudes de culture pratiquées dans notre région.
Il mène depuis son petit bout de chemin et se bat chaque jour pour que vous puissiez déguster un très bon produit. Son but n'est certes pas d'égaler ou de vouloir dépasser des grands crus...il souhaite trouver sa place dans un monde difficile ; encore plus par temps de crise ; et faire en sorte que Cornélie puisse continuer à se développer. Il n'a pas choisi la voie la plus facile ni la plus rapide en écartant la place de Bordeaux qui méprise souvent le réel travail fourni par le vigneron, qui ne tient pas compte de l'âme et de l'amour, des heures passées à donner le meilleur pour obtenir la qualité.
Cet esprit rebelle ne plaît pas, surtout dans notre région et on lui a fait savoir :vider la cuve à fuel, crever les pneus des véhicules, abîmer les pieds de vigne et j'en passe, tout cela en pleine vendanges qu'il pratique évidemment à la main en choisissant chaque jour les grappes à cueillir en fonction de leur maturité. Cela ne plaît guère qu'il ne désherbe pas mais préfère travailler les sols, qu'il fasse de faibles rendements mais qualitatifs, que l'on parle beaucoup de lui et que beaucoup reconnaissent son travail. Les gens jaloux et méchants ne manquent jamais de se manifester. Il ne souhaite lui qu'une chose, mener à bien le défi qu'il s'est lancé.
Manque cependant une chose devenue essentielle dans notre société, l'argent, ben oui toujours ce mot. Il fait avec ce qu'il a depuis le début et ne manque jamais d'idées pour trouver un système « D ». On ne peut pas dire non plus qu'il agit en mauvais gestionnaire que du contraire... Vous en connaissez beaucoup vous qui accepteraient de travailler 15 heures par jour sans dimanche ni jours fériés, en assumant seul tout le travail à la vigne, et qui depuis 17 mois, ne se sort pas le moindre salaire. On ne roule pas dans une grosse voiture (une doblo d'occas et moi une 106 de 13 ans !), on ne sort pas ni ne menons vraiment pas la grande vie. Nous sommes et tenons à rester des gens simples qui aimons ce que nous faisons et qui respectons le travail et les gens qui nous permettent de continuer. Mais les rêves ont un prix, vous avez beau investir le moindre centime dans la production, travailler comme une mule jour après jour, année après année, il y a des moments où cela devient très compliqué... Je n'ai jamais vu quelqu'un avoir autant de poisse qui lui tombe sur le dos. Je ne parlerai pas de l'aspect familial qui ne l'a pas épargné ces dernières années et de ce drame qui lui a enlevé son étoile de la plus terrible des façons. Je parlerai de tous ces soucis mécaniques qui lui arrivent les uns après les autres et qui ont fini par épuiser ce qu'il y avait. Tout cela n'a rien à voir avec le feu qui l'anime et la volonté toujours aussi présente, mais les banques s'en fichent éperdument, vous devez le savoir. Pat ne veut pas perdre son âme et ses valeurs en vendant à perte à des négociants, ce qu'il a eu autant de mal à construire. Cornélie progresse, chaque année un peu plus, les gens apprécient, respectent le travail de Patrick et nous sont fidèles.
Les banques elles s'en fichent et veulent très vite des résultats. Partir de rien et en arriver là par la seule force de sa volonté et de son talent, c'est un incroyable moteur. Nous ne demandons pas grand-chose, nous ne faisons pas l'aumône ni ne voulons inspirer la pitié à qui que ce soit. Cette solidarité que vous nous manifestez nous va droit au cœur et nous aide à tenir bon, ne vous sentez obligés de rien sinon de vous faire plaisir parceque vous appréciez et respectez le travail de mon chéri. Nous ne voulons pas que ce soit fait non plus au détriment d'autres vignerons qui travaillent dans la même lignée. Patrick n'a absolument pas demandé à ce que tout se retrouve sur le forum, mais il y a des amis, des vrais qui croient en lui et qui savent que Patrick et Cornélie valent la peine que le rêve puisse continuer à être une réalité, aussi difficile soit elle. Ces amis, évidemment, nous leur disons merci, qu'ils sachent encore une fois que notre porte leur est ouverte, notre table aussi, notre cœur surtout. Pour les autres que nous n'avons pas encore la chance de connaître personnellement, votre soutien est un grand réconfort, et vous êtes, évidemment aussi les bienvenus quand vous passez dans le coin, pour qu'un verre à la main nous puissions vous remercier de votre soutien précieux.
Merci d'avoir pris le temps de lire, je suis aussi bavarde que Patrick surtout quand je parle de ce que j'aime. Mon vigneron, je l'aime et c'est vrai que le voir heureux de pouvoir poursuivre son rêve serait le plus beau cadeau que je puisse recevoir.
Alors, à vous tous, tout simplement, MERCI.
Ingrid
je m'appel cornelie jean jacques et je ne savais pas qu'il existait des vins qui portait mon nom j'en suis très fier et vous souhaite prospérité pour les années à venir